Le tourisme international ne cesse de croître ces dernières années. S’il peut bien sûr avoir un impact positif sur le développement économique des territoires, il a aussi des effets néfastes sur l’environnement ou les populations locales, particulièrement pour les sites touristiques surfréquentés : environnement détérioré et écosystèmes perturbés, patrimoine dégradé, qualité de vie des locaux altérée…

Une meilleure répartition des flux touristiques dans l’espace et le temps est devenu un enjeu majeur pour ces destinations. De Venise à Amsterdam, en passant par les Calanques de Marseille, voici un petit tour d’horizon des différentes solutions mises en place par les destinations pour faire face à la saturation des villes ou sites touristiques.

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Le saviez-vous ? 95 % des visiteurs mondiaux se rendent sur moins de 5 % des terres émergées. 1

Quelles solutions mises en place pour lutter contre le surtourisme ?

comment lutter contre le tourisme de masse

Pour certains territoires, il n’est plus question de développer le tourisme, mais plutôt de le limiter. Découvrez 8 idées audacieuses mises en place par différentes destinations à travers le monde pour lutter contre le surtourisme.

1. Vers des destinations payantes : l’instauration de taxes

Venise est l’exemple même des destinations qui souffrent du surtourisme. La menace est telle pour la ville et sa lagune qu’en 2023, l’UNESCO recommandait de placer la destination sur la liste du Patrimoine mondial en péril. Suite à la mise en place d’un système de gestion des flux de visiteurs, cette recommandation n’a pour l'instant pas été appliquée.

En effet, dès cette année, Venise fera payer 5 euros aux touristes venant pour une seule journée. C’est la première ville au monde à faire payer un droit d’entrée, à l’instar d’un musée ou d’un parc. Cette taxe s’ajoute à d’autres mesures déjà prises par la ville, comme un quota de visiteurs pour accéder à la place Saint-Marc lors du carnaval ou l’interdiction des plus gros navires de croisières.

Beaucoup d’autres destinations ont également instauré des taxes touristiques pour lutter contre le surtourisme, comme Bali ou Valence (Espagne), pour ne citer qu’elles. Les Îles Galapagos ont quant à elles prévu de doubler les frais d’entrée déjà élevés : les tarifs pour les visiteurs étrangers passent ainsi à environ 182 €. Une somme dissuasive et nécessaire pour protéger ce trésor naturel, les recettes servent notamment à financer des initiatives de conservation.

2. Mise en place de quotas touristiques et réservations obligatoires

De nombreux sites touristiques sont fragilisés par le tourisme de masse. Pour limiter leur détérioration, de plus en plus de destinations limitent le taux de fréquentation des sites touristiques naturels ou patrimoniaux.

L’un des exemples les plus connus est peut-être celui du Machu Picchu, menacé d’érosion, qui limite désormais à 2 500 visiteurs par jour. En plus de cela, les touristes doivent réserver un créneau horaire de visite, limitée à 4 heures sur place, et doivent obligatoirement être accompagnés d'un guide agréé.

En France, plusieurs destinations ont également opté pour cette méthode. C’est notamment le cas du parc national des Calanques à Marseille qui, depuis 2022, exige une réservation pour accéder à la crique de Sugiton, aussi menacée d’érosion. L’accès est désormais limité à 400 personnes par jour en été. On peut également citer l’île de Porquerolles dans le Var, parmi tant d’autres, qui a instauré une limite de 6 000 visiteurs par jour depuis l’été 2021.

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Le saviez-vous ? En France, 80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % du territoire.

Les quotas touristiques et la réservation obligatoire sont déjà entrés dans les mœurs pour visiter les musées les plus fréquentés. Et si cela devenait également la norme pour les sites naturels et patrimoniaux ?

3. Le « démarketing » : des campagnes de communication dissuasives

Appliqué au tourisme, le démarketing est un concept visant à décourager les visiteurs, de manière temporaire ou permanente, de se rendre dans un site saturé. Il existe plusieurs stratégies de démarketing. La destination peut choisir d’arrêter complètement de communiquer, c’est par exemple le cas des Pays-Bas qui se consacrent désormais à la gestion de la destination et à l’accueil des touristes, plutôt qu’à la promotion.

Certaines destinations, comme Amsterdam, choisissent de communiquer différemment en faisant la promotion de circuits parallèles pour désengorger certains sites et tentent d’attirer d’autres types de voyageurs, plus adeptes du « slow travel ».

Enfin, les destinations peuvent aussi choisir de communiquer des messages dissuasifs. C’est notamment le parti pris de Marseille qui souhaite lutter contre l’image idyllique des Calanques en été, en présentant la réalité telle qu’elle est sur son site. On peut par exemple y lire des phrases comme « difficiles d’accès, de taille réduite et surfréquenté en été ».

4. Régulation des locations de courtes durées

Voici une autre initiative pour limiter le tourisme de masse qui s’attaque cette fois aux hébergements touristiques, notamment aux locations de courtes durées. Prenons l’exemple de Dubrovnik, submergée depuis quelques années par les fans de la série « Game of Thrones », qui mise sur un tourisme équilibré. Parmi les mesures prises, la ville compte encadrer les locations saisonnières de type Airbnb, en interdisant tous les nouveaux permis de location dans la vieille ville.

New York fait également partie des villes luttant contre les locations de courte durée en imposant des conditions drastiques pour pouvoir louer des logements durant moins de 30 jours. Ces initiatives permettent de réduire les nuisances et de protéger le parc immobilier des destinations.

En matière d’hébergement, Amsterdam et Barcelone ont également pris des mesures exceptionnelles annonçant qu’elles n’autoriseront plus la construction de nouveaux bâtiments hôteliers.

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5. Limitation des navires de croisières

Entre tourisme de masse et catastrophe environnementale, la croisière n’amuse plus. Pour lutter contre la pollution liée aux navires de croisières et l’invasion des croisiéristes dans les rues, de plus en plus de destinations décident de limiter le nombre de navires autorisés.

C’est par exemple le cas de Majorque, la très populaire île espagnole, qui limite l’arrivée sur ses côtes à trois bateaux, dont un seul « méga paquebot ». Depuis 2019, Dubrovnik limite également les arrivées par la mer à deux bateaux de croisières par jour avec 4 000 passagers maximum chacun. De leur côté, les villes d’Amsterdam et de Venise ont tout simplement décidé de bannir les bateaux de croisières de leur centre-ville.

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Le saviez-vous ? Les émissions de CO2 du tourisme liées au transport devraient augmenter de 25 % d’ici 2030 par rapport à 2019. 2

6. Restriction de la taille des groupes touristiques

Parmi les différentes solutions testées contre le surtourisme, certaines destinations se tournent vers la problématique des voyages en groupe qui provoquent des nuisances et entrainent la surconcentration de visiteurs dans un même lieu.

C’est par exemple le cas de Venise ou de Saint-Sébastien, dans le Pays basque espagnol, qui ont toutes les deux décidé de limiter la taille des groupes à 25 personnes, mais aussi d’interdire l’usage des haut-parleurs pour les guides.

7. Promotion du voyage hors-saison

Certaines destinations tentent de lisser les arrivées touristiques sur toute l’année pour éviter le surtourisme estival. C’est le cas du Réseau des Grands Sites de France, regroupant des sites comme la Dune du Pilat, le Mont Saint-Michel ou les falaises d’Étretat, qui parie sur le tourisme hors saison en communiquant de plus en plus sur les expériences en dehors de la période estivale. De plus en plus de destinations se lancent dans des campagnes de communication pour faire la promotion du hors saison pour un voyage plus authentique, plus respectueux, plus calme.

8. Des initiatives pour favoriser la vie locale

Certaines destinations prennent également des mesures, plus ou moins anecdotiques, pour lutter contre la surconcentration touristique et permettre aux riverains de retrouver une certaine qualité de vie. On peut par exemple citer Barcelone qui a fait supprimer de Google Maps une ligne de bus initialement conçue pour les habitants et qui était assaillie par les touristes souhaitant se rendre au parc Güell.

Autre initiative surprenante à Portofino, un petit village italien de 400 habitants croulant sous l’afflux touristique : depuis 2023, un arrêté interdit aux visiteurs de s’arrêter de marcher dans des « zones rouges » sous peine de recevoir une amende assez salée. L’objectif : lutter contre les touristes qui s’attardent et s’agglutinent pour prendre des selfies.

Voyager autrement : le rôle des visiteurs dans la lutte contre le surtourisme

lutter contre le surtourisme

Et vous, en tant que voyageur·euse, comment pourriez-vous agir pour lutter contre le tourisme de masse ? Il existe une multitude de pratiques dans ce que l’on appelle le « tourisme alternatif » qui propose une approche écoresponsable du voyage. Parmi les différentes initiatives possibles, vous pouvez notamment privilégier des modes d’hébergement plus responsables, comme l’échange de maisons.

L’échange de maisons permet non seulement d’éviter la surconcentration dans les zones touristiques en sortant des sentiers battus, de ne pas participer à la surconstruction hôtelière, mais aussi de promouvoir un tourisme plus équitable et plus « slow ».

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En tant que voyageur·euse responsable, vous pouvez également choisir de voyager hors-saison. Vous éviterez non seulement de participer à la surfréquentation des lieux, mais vous profiterez également de nombreux avantages : prix en baisse, contact plus facile avec les locaux, pas de foules de visiteurs, etc.

Dans la mesure du possible, évitez les lieux surreprésentés dans les médias ou réseaux sociaux. D'ailleurs, il est conseillé de ne pas géolocaliser ses photos lorsqu'on les partage sur les réseaux sociaux pour protéger les lieux du surtourisme.

Enfin, gardez toujours en tête le principe du "Leave No Trace" (Ne pas laisser de traces) pour limiter votre impact lorsque vous visitez notamment des sites naturels. Par exemple : ne laissez aucun déchet, respectez la vie sauvage (restez à distance des animaux et n'arrachez pas la flore), restez sur les sentiers balisés, etc.

Vous êtes prêt·e à devenir un voyageur responsable et à découvrir l'échange de maisons ? Alors, n'hésitez pas à signer notre charte du voyageur !

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Références

¹ Chiffres de l'Organisation Mondiale du Tourisme

² OMT et ITF - Transport-related CO2 Emissions of the Tourism Sector, 2019